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Présentation > → Axe 3. Espace académiqueAxe 3 – La sociologie dans l’espace académique : apports et limites de la (pluri- et inter-)disciplinarité La sociologie est une science à part entière, pourtant la délimitation de ses frontières n’a pas toujours été claire tant ses précurseurs étaient issus de multiples disciplines. Si les champs sont aujourd’hui académiquement distincts, ils n’en restent pas moins complémentaires pour étudier les réalités du monde social. À tel point qu'Edgar Morin prônait l’interdisciplinarité pour éviter une automatisation et une stérilisation disciplinaire (Morin, 1994). Pierre Bourdieu, quant à lui, militait pour « une science sociale unifiée » (Bourdieu, 1995) que les historien·ne·s présentent comme « la rencontre de l’histoire et de la sociologie » (Noiriel, 2008). La sociologie offre des outils méthodologiques et conceptuels d’analyse aux appropriations différenciées. Pour ne citer que quelques exemples indicatifs : la géographie sociale, - dans l’esprit de la « géographie humaine » (Falardeau, 1950) - reprend des concepts sociologiques pour les repenser ; la philosophie sociale est dépendante d’autres disciplines, dont la sociologie ; l’anthropologie du proche (Gardou, 2010) passe « d’horizons lointains à des mondes plus “proches” de l’observateur » et questionne notamment les « proximités » (Fournier, 2021). Cependant, les rapprochements de la sociologie avec d’autres disciplines ne se limitent pas aux sciences humaines et sociales, même si les recherches pluridisciplinaires y sont plus nombreuses et plus visibles. Des programmes de recherche, comme le programme RÉSEAU (Étude de la contamination chimique des RESsources en EAU) ou le projet GENDHI (Gender and Health Inegalities), associent régulièrement sociologues et chercheur·se·s des sciences exactes. Le premier regroupe des sociologues et chimistes quand le second fait travailler ensemble des sociologues, économistes et épidémiologistes. Cette liste non-exhaustive donne un aperçu des différentes disciplines adoptant une approche sociologique et démontre les apports aussi bien théoriques, épistémologiques que méthodologiques de ce type de projet (Roggero, 2006). À tel point que Bernard Lahire a récemment émis le souhait que « dans un avenir peut-être pas si lointain, les biologistes, les psychologues et les sociologues travailleront de concert à l’écriture de l’histoire du vivant, des mécanismes psychiques individuels (cognitifs ou émotionnels) et des mécanismes sociaux en offrant à l’humanité la possibilité d’être davantage maîtresse de sa destinée qu’elle ne l’est aujourd’hui » (Lahire, 2023, p.932). En attendant, il existe également d’autres usages, parfois plus ponctuels ou plus ténus, qui forment des brassages ou des brouillages disciplinaires (Delas, Milly, 2015), pouvant aller jusqu’à une indisciplinarité (Loty, 2005). Si certain·e·s militent pour en « finir avec les bataillons universitaires » (Besnier, 2013) ou pour une dispersion académique (Aubin, 2013), d’autres avancent que « la connaissance ne peut progresser que si elle est disciplinée » (Lévy-Leblond, 2013). Au sein des institutions universitaires, dominent les représentations « hyper-disciplinaires » (Fabiani, 2006, p.34). Pluri- et interdisciplinarités viennent alors alimenter les inquiétudes de dissolution disciplinaire même si elles permettent plutôt des réagencements et l’émergence de nouvelles disciplines (Abbott, 2001). Les inquiétudes portent également sur les injonctions à l’interdisciplinarité qui « proviennent le plus souvent des pouvoirs administratifs et économiques, relayés par les pouvoirs politiques » (Resweber, 2011) avec in fine, une disciplinarisation de l’interdisciplinarité (Fleury, Walter, 2011). Le·la chercheur·se qui utilise ce type d’approche doit accepter de prendre le risque d’être « plus que d'habitude, incertain des résultats à venir » (Sibertin-Blanc et al., 2010) et « ne pas savoir avant d’y aller voir » (Dubar, 2003) mais il·elle ne se soustrait pas pour autant aux exigences éthiques et scientifiques de toute recherche. Les chercheur·se·s qui pratiquent l’interdisciplinarité adoptent une posture réflexive sur l’éthique, la déontologie, les difficultés et les raisons de leur approche. Ils·elles en rappellent les inconvénients comme une possible reproduction des « défauts des disciplines mères (…) en vertu du même principe d’autorité » (Apter, 2010), des approximations voire des erreurs dans l’utilisation de certains outils d’analyse (Boullet, 2019) ou encore, la solitude du chercheuret de la chercheuse interdisciplinaire face à des champs académiques spécialisés et cloisonnés. L’objectif de cet axe sera non seulement de présenter des résultats de recherche pluri- ou interdisciplinaire en soulignant les apports scientifiques de mêler une approche sociologique à d’autres approches, mais aussi les démarches qui amènent les chercheur·se·s d’autres disciplines à utiliser la sociologie comme outil de compréhension et d’appréhension de leur objet de recherche. Seront donc bienvenues des communications s’intéressant aux « migrations » parfois complexes vécues par les chercheur·se·s en mobilisant plus d’une discipline dans leurs travaux. Ainsi, les communications attendues pourraient, à titre d’exemples et de manière non exhaustive, porter sur :
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