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Présentation > → Axe 1. Espace médiatiqueAxe 1 – La sociologie dans l’espace médiatique : critiques, réponses et enjeux de la diffusion de la connaissance sociologique En 1996, Pierre Bourdieu expliquait à la télévision qu’il fallait généraliser les conditions d’accès aux savoirs sociologiques en diffusant la connaissance savante en dehors de l’univers académique, par exemple dans le champ médiatique. On assiste depuis à une accélération de la dynamique de partage des connaissances sociologiques auprès de publics profanes, que ce soit dans des médias traditionnels (la télévision, la presse, la radio) ou dans des médias numériques, via la bande dessinée, les documentaires, les réseaux sociaux, les blogs ou les podcasts. Cet axe a ainsi pour objectif de traiter l’intervention des sociologues dans l’espace médiatique comme un objet sociologique. En réponse aux critiques portées par certain·e·s responsables politiques, nombre de sociologues comme Gisèle Sapiro, Bernard Lahire ou encore Gérard Mauger, ont pris la parole pour défendre la démarche sociologique (Sapiro, 2021 ; Lahire, 2016 ; Mauger, 2021). Rose-Marie Lagrave a de son côté montré, dans une analyse portant sur ces polémiques, certaines des divisions qui traversent la discipline, entre les « défenseur·e·s académiques d’une sociologie aseptisée », et les chercheur·se·s ayant une approche d’avantage critique (2022, p.21). Inès Bouzelmat a poursuivi ce travail en prenant pour objet les positions différenciées des chercheur·se·s sur la question raciale. Elle montre notamment qu’ « il faut être établi·e – bénéficier d’une position professionnelle et/ou institutionnelle solide ou avoir acquis une légitimité scientifique – pour se permettre une production péri-académique importante » (Bouzelmat, 2019). À la suite des travaux de ces deux chercheuses, il est question dans cet axe d’opérer une tentative de compréhension de l’espace des prises de positions des sociologues dans l’espace médiatique. Il s’agit en effet de comprendre qui intervient dans les médias (caractéristiques sociales, positions académiques, etc.), dans quels types de médias, avec quelles approches ou pratiques de la sociologie, en vue de diffuser des savoirs sociologiques. Au-delà de ces polémiques, il existe par ailleurs nombre d’initiatives de chercheur·se·s qui visent à diffuser des savoirs scientifiques vers un public élargi, dans des médias intéressés par le raisonnement sociologique (Le Monde Diplomatique, Mediapart, Alternatives Economiques, etc). De plus, Internet évolue rapidement, avec l’émergence de médias alternatifs ou indépendants qui cumulent parfois supports écrits et audiovisuels (LVSL, Blast, Frustration, Contretemps, The Conversation…), ou dont la ligne éditoriale est directement contrôlée par des chercheur.ses, voire par des sociologues (AOC, La Vie des Idées…). Enfin, ces dernières années ont vu émerger de nouveaux médiums, comme la bande dessinée (collection Sociorama chez Casterman, Delcourt, Futuropolis, Steinkis…), les podcasts, les réseaux sociaux, ou les documentaires sociologiques diffusés en ligne gratuitement ou sur de nouvelles plateformes (Cinémutins, Tënk…). Ce qui pose la question des conditions que ces nouveaux médias, médiums et plateformes offrent à la production et à la diffusion de la connaissance sociologique. Dans le champ journalistique, la polémique qui a opposé Pierre Bourdieu à Daniel Schneidermann suite à la diffusion de l’émission de télévision « Arrêt Sur Images », a montré que les interactions entre sociologues et journalistes peuvent, en raison d’intérêts contradictoires, et d’un champ médiatique de plus en plus régi par la mesure de l’audimat (Bourdieu 1996), conduire à des rapports conflictuels. Dans le sillage de cette polémique, et parfois en réponse aux prises de position de Pierre Bourdieu, des sociologues contemporain·e·s se sont interrogé·e·s, à l’occasion d’un retour sur leurs pratiques, sur les conditions de production de l’information journalistique - dans le contexte de l’accélération de la marchandisation de l’information depuis l’irruption d’internet - et sur la manière de travailler un propos sociologique vulgarisé qui les prennent en compte sans lui faire perdre son caractère scientifique (Lemieux, Mucchielli, Neveu, Van de Velde, 2010). Dans le champ de la production documentaire, l’exercice de diffusion de la sociologie a été inauguré au début des années 2000 avec deux films concurrents (Truc, 2004) consacrés à Pierre Bourdieu et à Alain Touraine. La forme documentaire est depuis directement appropriée par les sociologues pour diffuser des enquêtes sociologiques. Ce fût par exemple le cas du couple de sociologues formé par les époux Pinçon-Charlot. Mais c’est aussi le cas de sociologues bénéficiant d’une notoriété plus faible, et parfois même d’étudiant·e·s en master ou en doctorat, en particulier dans le cadre du développement des formations à la sociologie visuelle, et dont certain·e·s n’hésitent pas à revenir sur les enjeux de ces nouvelles pratiques de production et de restitution des travaux sociologiques (Tilman, 2018). Dans le champ éditorial, enfin, les dix dernières années ont été marquées par le développement rapide de la bande dessinée sociologique, qui connaît parfois un grand succès auprès du public profane. Une nouvelle manière d’écrire la sociologie qui n’est pas elle non plus sans enjeux, en particulier méthodologiques, jusqu’à parfois conditionner en amont les pratiques de l’enquête de terrain lorsque celle-ci a dès le départ vocation à être restituée via ce support (Nocerino, 2016). Un panorama de ces nouveaux médiums et de ces médias émergents, et des retours sur leurs impacts sur les conditions de production et de diffusion de la connaissance sociologique seraient les bienvenus. Ainsi, les communications attendues pourraient, à titre d’exemples et de manière non exhaustive, porter sur :
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