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Présentation > → Axe 2. Emplois de sociologueAxe 2 – Pluralité et déclinaisons des emplois des « sociologues » : enjeux des pratiques et des usages de la sociologie dans d’autres champs professionnels « À quoi sert la sociologie ? Quelles sont ses finalités pratiques ? Les sociologues ont-ils une utilité en dehors de leur vocation à proposer un maniement de l’esprit critique ?. Telles sont les questions que se posent des sociologues comme Michel Crozier, Gilles Herreros [et] Bernard Lahire » (Bernardeau Moreau, 2014, p.2). En effet, les pratiques et les usages de la sociologie étant aujourd’hui multiples et variés, questionner son utilité revient à réfléchir sur ses différentes postures et missions. Au-delà de la recherche désintéressée du chercheur tentant d'adopter « une posture distante voire critique, à l'égard des affaires du siècle », il existe « une tendance plus particulariste ou utilitariste, recherchant dans la pratique sociologique un moyen de contribuer à l'éclairage des problématiques sociales tout en étant force de propositions et d'actions » (Bertrand, Gaussot, 2021). Outre les sociologues qui se reconvertissent dans l’enseignement secondaire ou qui partagent leur temps entre l’université et l’entreprise par exemple, nous pourrions évoquer ceux et celles qui, n'étant pas ou plus affilié·e·s statutairement au monde académique, s’investissent dans différents champs professionnels, ayant pour mission l’aide à la décision politique et/ou sociale. Certain.es diplômé·e·s d’un cursus de sociologie, ayant donc quitté la sphère académique, se professionnalisent dans des domaines extra-universitaires (collectivités territoriales/administrations, associations à but non lucratif, entreprises, organisations syndicales et militantes, organismes de sécurité sociale, centres de formation, centres d'études et/ou statistiques etc.). Ces pratiques et ces usages différenciés de la sociologie en dehors du secteur académique ouvrent le champ au développement de nouvelles compétences et attentes (Piriou, 2008) envers les sociologues et les professionnel·le·s de terrain qui se l’approprient. Cette extension de la sociologie pose alors la question de ses réceptions et ses usages effectifs par ces professionnel·le·s et militant·e·s (non-)sociologues, entre désintérêt, appropriations et désarmement de la critique. Nous retrouvons ici deux des trois figures de sociologues mises en avant par Bernardeau-Moreau Denis : le·la sociologue opérationnel·le et le·la sociologue critique. La première est un·e praticien·ne qui maîtrise les outils et savoirs de la sociologie et qui s’en sert pour répondre à une demande sociale. Dès lors, il·elle révèle des mécanismes et des problèmes et tente d’y apporter des solutions (Alter, 1995, p 143-144). Pour Odile Piriou, le·la sociologue dit académique est fortement diplômé·e et n’est pas sorti·e de l’université tandis que le·la praticien·ne a davantage d’expériences professionnelles dans lesquelles il·elle a pu mobiliser à la fois des savoirs théoriques et pratiques (Piriou, 2006). Quant à la deuxième, il s’agit d’un·e militant·e engagé·e qui assume ses jugements de valeurs au nom de la défense d’une cause (Bernardeau Moreau, 2014, p.2-3). Cette frontière serait aussi intéressante à questionner en ce qu'elle n'est pas si évidente que cela. L’extension de la sociologie en dehors de ses frontières académiques est donc un enjeu majeur de la professionnalisation de la discipline. Néanmoins, la présence de la sociologie dans les milieux extra-universitaires peut entraîner des tensions objectives chez les professionnel·le·s issu·e·s d’un cursus de sociologie, sommé·e·s de composer avec d’autres professionnel·le·s qui ne sont pas nécessairement des initié·e·s de la discipline (Piriou, 2022). L’application de la sociologie et de ses catégories d’analyse peut alors entraîner des tensions entre d’une part la discipline et les savoirs critiques qu’elle produit, et d’autre part les enjeux et intérêts économiques, sociaux, politiques et institutionnels des milieux dans lesquels elle se trouve appliquée. Nous pouvons penser aux thèses financées par des conventions industrielles de formation par la recherche (CIFRE) dont les objectifs poursuivis se situent à l’intersection entre l’accompagnement du changement organisationnel et son analyse critique (Hellec, 2014), pouvant entraîner des « frictions » (Soulard, 2007) entre le·la doctorant·e et son terrain de recherche. Quelle place occupent ces sociologues de formation dans ces espaces spécifiques ? Comment se matérialisent ces tensions entre le·la sociologue et les milieux spécifiques dans lesquels la sociologie est appliquée ? Cet axe convie donc à penser les réceptions et la diversité des usages de la sociologie dans des pratiques quotidiennes de professionnel·le·s qui ne se définissent pas nécessairement comme des sociologues (Bertrand, Gaussot, 2021). Il vise aussi à interroger la circulation et l’appropriation des catégories et des pratiques de la sociologie (les méthodes de recueil de données, par exemple) en dehors du monde académique, incarné par la figure du chercheur. Au-delà, il interroge la définition même de la sociologie en ce qu'il (re)questionne le « dilemme » de ses usages professionnels (Uhalde, 2016) : « comment et pourquoi conserver une définition traditionnelle de la sociologie (comme « l’art pour l’art » ), lorsque l'on on est tenu de la mettre au service de l’éclairage ou de l’accompagnement de l’action et quand les travaux académiques se sont multipliés, réinterrogeant la neutralité axiologique et « l’engagement sociologique » (Bertrand, Gaussot, 2021, p.17) ? Ainsi, les communications attendues pourraient, à titre d’exemples et de manière non exhaustive, porter sur :
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